Depuis bien longtemps, l’acquisition de connaissances, de savoirs, de pratiques relevant des sciences et techniques participe au développement humain comme à l’action de l’homme sur son environnement. Dans ce contexte, le transhumanisme peut être défini comme l’amélioration des capacités humaines par l’utilisation des sciences et techniques intégrées au corps. On peut considérer qu’il existe trois dimensions du transhumanisme : l’amélioration de la qualité de vie ; l’amélioration des performances individuelles ; la transcendance de l’espèce humaine ou posthumanisme (qui constitue la forme la plus poussée du transhumanisme et peut conduire à la création d’entités ou d’intelligences artificielles « supérieures »). Angoisses, espoirs, passions, enjeux de pouvoirs se mêlent autour du transhumanisme et du posthumanisme, fortement médiatisés, visà-vis de leur impact sur le monde de demain. Le cadre juridique peut faciliter ou freiner le développement du transhumanisme. Mais, dans tous les cas, son rôle est de l’encadrer, de le réguler pour que les valeurs communes qui sont chères à l’espèce humaine soient respectées. A cette fin, un débat sociétal est nécessaire.
Dans ce contexte, notre recherche, dont les résultats seront présentés lors de la conférence du 25 mars 2021, repose sur deux méthodes complémentaires : une analyse théorique pluridisciplinaire et une analyse empirique interdisciplinaire.
S’agissant de l’analyse théorique pluridisciplinaire, nous avons demandé à des chercheurs de plusieurs disciplines de travailler sur la question de savoir si le transhumanisme implique ou devrait impliquer de nouveaux droits. Ainsi, lors de la conférence du 25 mars 2021, un philosophe, un sociologue, deux scientifiques, et deux juristes présenteront leurs points de vue respectifs, résultats de leurs recherches sur ce sujet.
S’agissant de l’analyse empirique interdisciplinaire, notre équipe pour ce projet de recherche (composée de juristes, d’un sociologue et d’un philosophe, et d’un ingénieur d’études en appui à la recherche) a entrepris de mener des groupes de discussion avec des élèves du secondaire, grâce à une collaboration avec le Rectorat de l’Académie d’Aix-Marseille. A ce titre, nous avons déposé un dossier auprès du comité d’éthique de la recherche d’AMU.
Cette recherche en sciences humaines et sociales, qui emprunte aux méthodologies de recherche utilisées classiquement en sociologie et en Science and Technology Studies – particulièrement pertinentes dans le cadre de ce travail interdisciplinaire de recherche, repose sur deux hypothèses complémentaires.
- Nous postulons que certains élèves du secondaire sont familiers aux pratiques transhumanistes au travers de leurs loisirs principalement (films, lectures dont bandes dessinées et mangas, jeux y compris jeux vidéo), sans pour autant avoir nécessairement réfléchi aux enjeux éthiques et juridiques que de telles pratiques suscitent.
- Nous postulons que les élèves du secondaire ont un intérêt citoyen vis-à-vis du projet et auront des opinions sur les questions éthiques et choix juridiques et politiques et souhaiteront contribuer à l’information d’institutions comme l’UNESCO.
Cette recherche empirique est basée principalement sur des échanges entre l’équipe de recherche, les enseignants et les élèves de deux classes du secondaire. Ces classes sont de différents degrés (3ème du Collège Jean Brunet (REP+) d’Avignon menée par leur professeur de technologie et de SVT, et 2ndedu lycée Montgrand à Marseille menée par leur professeur de mathématiques) et ont travaillé indépendamment pour éventuellement noter une évolution dans les questionnements et analyses. Les premiers échanges avec les enseignants du secondaire ont eu lieu au printemps 2019. Par la suite, l’enquête qualitative repose sur les principales étapes suivantes :
- Premières rencontres des élèves avec l’équipe de recherche en octobre 2019 : Enquête à froid. Présentation du projet. Les élèves ont-ils déjà entendu parler du transhumanisme ? Qu’est-ce que cela veut dire selon eux ?
- Entre octobre 2019 et janvier 2020, travaux des élèves sous la coordination de leurs enseignants, sur la base de la liste de thèmes, questions, et références, fournie aux enseignants. Échanges continus entre les enseignants, relais des questions des élèves, et l’équipe de recherche.
- Deuxième rencontre des élèves avec l’équipe de recherche en janvier 2020 : l’équipe de recherche anime une discussion avec les élèves sur la base des travaux qu’ils ont réalisés. Les élèves discutent avec l’équipe de recherche des résultats de leurs travaux, de leurs questions. L’équipe de recherche présente la manière dont le droit se saisit des questions posées par le transhumanisme (présentation pédagogique sur le transhumanisme : définition, courants, rôle du droit, etc…)
- Les élèves préparent des restitutions écrites et orales de leurs travaux.
- Les élèves présentent leurs travaux lors d’une conférence débat organisée à la faculté de droit d’Aix-en-Provence. La conférence-débat finale, qui devait initialement avoir lieu le 2 avril 2020, a été reportée et partagée entre le 25 mars 2021 et le 27 mai 2021, en raison de la pandémie liée à la COVID-19.
- Ce report implique que des visio-conférences sont organisées par l’équipe de recherche, entre septembre 2020 et mars 2021, avec les élèves du secondaire sur la thématique du transhumanisme afin de maintenir leur intérêt pour le sujet et la conférence. Cela étant, les élèves de 3ème de la promotion 2019/2020 ayant changé d’établissements scolaires, quelques élèves présenteront le travail de l’ensemble de la classe. Pour les lycéens, la plus grande partie des élèves de la classe de seconde de la promotion 2019/2020 participera à la conférence (environ 25 élèves sur 30) et une nouvelle classe du lycée Montgrand sera impliquée via la participation aux visio-conférences.
- La première partie, plus académique, se déroulera le 25 mars 2021 au matin en distanciel et comprendra, comme initialement prévu, les communications des universitaires. Afin de garder la dynamique de partage avec les élèves du secondaire avec lesquels nous travaillons depuis deux ans, ces derniers auront donc la possibilité d’assister à la conférence en distanciel ou de la regarder en différé puisque la demi-journée sera enregistrée.
La seconde partie se déroulera l’après-midi du 27 mai 2021, et comprendra, comme initialement prévu, les présentations des élèves et les discussions entre eux et les universitaires présents.